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Essai Porsche 718 Boxster GTS : fausses jumelles

Aujourd’hui, Porsche m’a compliqué la vie. À la base, tout devait bien se passer, j’étais invité en Sardaigne par la marque afin de prendre le volant de la nouvelle Porsche 718 Boxster GTS. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, avec du plaisir, je ne vous le cache pas, et quelques griefs. Je sentais déjà le papier assez facile à écrire, usant à tout va de superlatifs avec aisance… puis tout a basculé. Plutôt que de repartir avec le même exemplaire après une pause bien méritée, Porsche me propose une autre Boxster GTS, bien différente.

Texte : Frédéric Dhieux - Photos : Étienne Rovillé

Je croyais m’être fait une bonne idée de la gamme GTS après mes essais de la Cayman GTS puis de la 911 Carrera 4 GTS Cabriolet et enfin de la première Boxster GTS. Après tout, ce sont des GTS (je sais, c’est redondant) et en essayer une c’est les essayer toutes pour chaque modèle. Je caricature, bien entendu, je ne suis pas si naïf, mais vous allez comprendre avec le double essai qui suit.

La famille GTS se veut comme le chaînon qui lie les gammes sportives GT3 ou GT4 aux gammes classiques S. Un peu plus de sport que pour les dernières, mais un peu plus de confort et de polyvalence que les premières, le tout avec une puissance intermédiaire. L’ensemble est proposé à un prix correct compte tenu de ce surplus et des équipements proposés de série. Ainsi, la Boxster GTS est proposée à partir (ça a toute son importance ici) de 80 870 €, soit un effort financier de 11 040 € qui vous offre de série, par exemple, le Pack Sport Chrono, la suspension active PASM, des jantes Carrera S de 20 pouces en finition noir satiné, le différentiel mécanique arrière PTV ou encore le châssis sport avec une caisse abaissée de 10 mm.

Mes très chères options

Donc nous voilà avec une voiture plus dynamique que la Boxster S, avec un style exclusif grâce au bouclier avant spécifique ou aux touches de noir sur les logos ou l’échappement, mais toujours confortable et utilisable au quotidien.

D’ailleurs, le premier modèle que j’ai entre les mains, paré de sa robe blanc Carrera, affichée à 106 472 € fait la part belle au confort. Je peux ainsi laisser ma jambe gauche tranquille grâce à la boîte PDK, m’installer électriquement dans les sièges Sport adaptatif Plus avec Pack Mémoire Conducteur, me rafraîchir les idées avec la climatisation automatique bizone, calmer mes rhumatismes grâce aux sièges chauffants, séduire mes oreilles avec la hi-fi Burmester® High-End Surround Sound System ou encore cruiser sur route l’esprit tranquille par le biais du régulateur adaptatif, sans vous parler des rétroviseurs rabattables ou de l’assistance au parking avant et arrière.

Ma Porsche joue clairement le confort. Enfin, c’est tout de même une GTS équipée d’un Flat 4 biturbo de 365 ch et 430 Nm capable d’atteindre la barre des 100 km/h depuis l’arrêt en seulement 4,3 secondes avant de plafonner à 290 km/h.

La polyvalente GTS

La Porsche Boxster, je ne vous apprends rien, est un cabriolet ; et qui dit cabriolet dit balade tranquille entre mer et montagne, à profiter des senteurs que nous offre l’île, mais aussi des multitudes de couleurs entre le ciel bleu qui se confond avec la mer à l’horizon ou ce soleil faisant briller les genêts sauvages et autres coquelicots colorant les étendues vertes. La boîte PDK s’occupe avec douceur de passer les rapports tandis que les irrégularités de la route sont étonnamment bien absorbées. Certes, la 911 GTS fait bien mieux sur le sujet, mais l’ensemble est convaincant.

Néanmoins, la polyvalence signifie que l’Allemande doit également être capable d’aller vite et, le travail étant ce qu’il est, je suis bien obligé de tester la belle sur ce point-là également. J’enclenche donc le mode Sport via la molette au volant, raidissant les suspensions et libérant l’échappement, et passe le sélecteur de vitesse en manuelle. La sonorité se fait plus rauque, mais, comme pour la Cayman GTS, un peu caricaturale et pas assez naturelle.

À la conduite, la boîte PDK ne souffre toujours pas la critique, rapide et réactive à la montée comme à la descente de rapports, laissant libre cours à nos envies. Et croyez-moi, les routes de Sardaigne, hors saison touristique, nous en donnent beaucoup…

… Que la Porsche 718 Boxster GTS prend plaisir à satisfaire en virevoltant d’un virage à l’autre avec aisance, mais sans se départir d’un confort presque inattendu. Par ailleurs, le train arrière demeure étonnamment sage tandis que le train avant se montre un peu souvireur. Même lorsque j’attaque franchement les freins en acier, parfaitement endurants, avant de relancer, l’arrière se fait légèrement joueur, mais presque trop timide. Néanmoins, l’équilibre de la voiture avec son moteur central et les dimensions contenues sont un régal sur les routes que j’emprunte et il m’est chaque fois difficile de calmer mes élans afin de laisser la machine se reposer tant l’exercice est plaisant.

La sportive GTS

Bien qu’elle fasse la part belle aux options de confort, ma GTS en boîte PDK a su donner satisfaction à mes velléités dynamiques… du moins le croyais-je. Mais j’échange ma Boxtser GTS blanche avec une Boxster GTS bleu Miami et là, ça change tout. Non que le blanc Carrera me déplaise, mais très franchement ce bleu vif est superbe.

En plus de ce gros changement, sans doute le plus important vous l’imaginez bien, cette 718, affichée à 105 200 €, fait l’impasse sur la climatisation bizone ou la hi-fi haut de gamme. Elle n’a que faire de ces éléments lourds et inutiles. Elle se passe également de la boîte PDK et préserve ainsi 30 kg et un vrai levier. Par contre, elle ne lésine pas sur les éléments sportifs allant des freins en carbone-céramique aux sièges baquets Sport en passant par les suspensions PASM abaissant la belle de 10 mm supplémentaires.

Bien calé dans mon baquet très enveloppant, je ne perds pas mon temps en réglages puisqu’il n’y en a qu’un, la profondeur, et saisis d’un côté le volant et de l’autre le levier de vitesse, les deux en alcantara. Je passe mon tour pour la calme balade cheveux au vent et me contrefiche totalement des petites fleurs au bord de la route. Ce levier de vitesse, espèce en voie de disparition, ne me donne qu’envie de bruit, de freins bouillants et de gomme à la limite. Je veux du sport, de l’engagement et de la sueur et c’est ce que la Porsche va me donner.

Force bleue

Je sors de mon jeu vidéo où il suffit d’appuyer sur un bouton ou tirer sur une palette pour changer de rapport sans même bouger le moindre orteil et récupère une troisième pédale et l’usage de mes deux jambes. Les routes de l’île italienne prennent une autre allure, se transformant en parc à sensations. Tout dans le ressenti de conduite évolue à la hausse, augmentant proportionnellement le plaisir pris au volant. Volant offrant d’ailleurs une consistance et une précision digne d’une célèbre marque de sport allemande établie à Stuttgart, rien de moins. Le levier de vitesse, parfaitement placé, propose un guidage aussi parfait que les débattements sont courts. Même lorsque ce n’est pas particulièrement nécessaire, je monte d’un rapport, uniquement pour le plaisir de rétrograder dans la foulée.

La conduite est nettement plus engageante, mes 4 membres s’étant mis à l’ouvrage pour gérer le pédalier, le volant et le levier. Sans parler de la suspension Sport qui rend la conduite plus sportive, plus abrupte, avec un train arrière devenu bien plus mobile en échange d’un peu de confort. Seul le freinage en carbone-céramique ne me convainc pas. Il est excellent, bien sûr et parfaitement endurant, mais je ne ressens pas de différence fondamentale avec ceux en acier, si ce n’est le tarif. La belle est moins rapide que sa sœur PDK sur l’exercice du 0 à 100 km/h (4,6 secondes) et je suis sans doute moins efficace aux changements de rapports, mais le plaisir pris au volant fait immédiatement oublier ces histoires de chiffres.

Avec un même nom, Porsche propose en vérité une multitude de possibilités, coûteuses, laissant l’acheteur donner libre cours à ses envies pour choisir SA GTS. Il n’y aura pas de mauvais choix, mais seulement le vôtre et dans tous les cas vous ne risquez pas d’être déçu par la Porsche 718 Boxster GTS. Pour ma part, ce sera une boîte de vitesses manuelle avec les suspensions Sport et la hi-fi Burmester, mais sans les freins PCCB. Sinon, question pratique, il fallait quand même que je vous dise qu’il y a deux coffres de 125 et 150 litres, ça peut servir.

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