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Caterham Seven 275S : Amplificateur de sens

C’est le printemps, les beaux jours reviennent, les tenues se font plus légères, et c'est à nouveau le moment de sortir les décapotables afin de profiter pleinement du réveil de la nature. Nous avons opté pour la toute nouvelle Caterham 275S. Au premier abord, elle ne semble pas si nouvelle que ça, puisqu’elle reprend tout ce qui caractérisait les précédentes, en modernisant – un peu – l’ensemble. Mais c’est justement ce que nous lui demandons : conserver ce qui fait son charme depuis plus de 40 ans et être en même temps une vraie machine à frissons, qui met nos cinq sens en éveil.

Texte : Étienne Rovillé - Photos : Étienne Rovillé

La vue, d'abord, doit s’adapter à cette Seven. Assis très bas, nous découvrons la route plus tardivement que dans n’importe quelle autre voiture. Nul besoin de rouler extrêmement vite pour avoir une impression de vitesse. Le terme de « jouet pour adulte » convient à merveille à la Caterham, nous nous retrouvons comme des enfants, à considérer le monde depuis en bas. Tout paraît grand et démesuré, la moindre Clio prenant des allures de monospace. Il faut s’en méfier, ainsi que des conducteurs peu attentifs, car nous sommes tellement bas que, si nous sommes trop près ou dans un angle mort, certains ne nous repèreront tout simplement pas. Mais le plaisir reste entier, voire redouble dès que l’on s’éloigne de la circulation. Nous voyons le paysage défiler devant nous, et admirons le ballet des roues qui réagissent sous nos yeux à la moindre sollicitation du volant, impossible de s’en lasser !

Caterham 275 SCaterham 275 S

Les roues quant à elles font appel de manière exaltante au toucher. C’est simple, nous avons l’impression de ne faire qu’un avec la route, de la ressentir dans nos fibres. Les pneus semi-slick participent pleinement à ce toucher de route exceptionnel, et le volant, minuscule et exempt d’assistance contribue à cette sensation. Sur route sinueuse la direction ultra précise et très directe est un pur régal. Assis sur l’essieu arrière, les sensations sont aussi inhabituelles qu’agréables, nous faisant vivre les courbes de manière inédite, l’avant plongeant dans le virage et le reste de la voiture suit. Si nous avions quelques craintes sur la tenue de route du train arrière, elles sont vite effacées. À moins de vraiment y aller très fort ou de vouloir le faire décrocher, ce qu’il fait de façon très saine, il reste rivé au sol et ne nous surprend jamais. Sur route humide il faut conduire avec un œuf sous le pied, pour autant, la tenue de route nous a agréablement surpris et c’est au freinage qu’il faut être attentif, celui-ci ne bénéficiant d’aucune aide. Cependant, il est correctement dimensionné et avant de bloquer les roues sur route sèche, nous disposons d’une sacrée marge !

Pour conclure le chapitre du toucher, nous éprouvons notre lot de sensations avec l’ensemble de la voiture, tout le corps participe. Les pieds sur des pédales assez dures, les bras, d’abord à travers le volant, mais également par le maniement du levier de vitesse, rugueux et avec des débattements courts. Le bassin participe énormément, toutes les sensations de conduite passant d’abord par lui pour irradier ensuite dans le reste du corps. Au moindre effleurement de la pédale de droite, les 165Nm de couple relancent notre poids plume et les 135 ch partent à l’assaut de la zone rouge, faisant tout vibrer. La vitesse maximale donnée pour 196 km/h est largement suffisante, et si la Seven ne rechigne pas à les atteindre, très honnêtement, ce n’est pas là que réside le plaisir à son volant.

L’odorat est lui aussi très sollicité, selon l’environnement nous respirons tout ce que nous offre la nature, surtout au printemps où tout éclot. Si les espèces d'arbres alentour changent, nous le percevons, il en va de même pour les champs, leur odeur évoluant selon les cultures qui y sont faites. Parfois entêtante comme le colza, parfois fraîche et vivifiante comme un sous-bois.

Caterham 275 SCaterham 275 S

L’ouïe, pour sa part, est mise à contribution par la sonorité typée sport du moteur Ford qui se fait entendre par l’échappement latéral, côté passager. Passager qui peut trouver ce bruit étourdissant à la longue, ce que finira par ressentir le conducteur lui aussi. Les bruits d’air sont également de la partie, tout comme les turbulences pour les grands gabarits qui en prendront plein la tête. Mais, une fois de plus, au rythme d’une balade bucolique, c’est malgré tout le son de la brise dans les feuillages accompagné du chant des oiseaux que nous apprécions, preuve s’il en fallait, qu’aimer et posséder une voiture de sport ne fait pas de nous des gens insensibles à mère Nature.

Le dernier de nos cinq sens, le goût, demeure le moins sollicité. Si ce n’est lorsque nous avalons par accident quelques insectes… Mais, pour cela, il faut être très grand et dépasser largement au-dessus du pare-brise, ce qui implique une longueur de jambe incompatible avec une Caterham, ce qui reste finalement très rare.

La Caterham Seven 275S est une voiture qui se vit et se ressent. Ce n’est pas un moyen de déplacement pour aller d’un point A à un point B, c’est une compagne de voyage avec qui l’on partage un moment privilégié et qui n’a aucun secret pour vous, et s’il faut aller d’un point A à un point B, et bien nous prendrons le soin de faire toutes les autres lettres de l’alphabet au préalable, et si possible dans le désordre…

Note : 16/20

Bien vu :
- Rapport prix/plaisir
- Capital sympathie énorme
- Consommation

A revoir:
- Praticité du coffre
- Bruyante à la longue