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Ferrari 458 Speciale Aperta : Ma, che belle macchina

Une Ferrari c’est comme les soirées de l’ambassadeur, c’est toujours un succès. Mais ce n’est pas un succès immérité. Du style affirmé au moteur délivrant une bande-son à se damner, il est très dur de rester discret, même lorsque nous la choisissons dans une robe gris anthracite – Grigio Silverstone. Mais comment passer inaperçu avec une Ferrari 458 Speciale Aperta, impossible !

Texte : Étienne Rovillé - Photos : Étienne Rovillé

L’envie m’a pris ce matin d’aller rouler, il faisait beau, ce sont les vacances, les routes se font vides et j’ai donc porté mon choix sur un cabriolet. Et plutôt que de faire les choses à moitié, je suis allé récupérer une Ferrari 458 Speciale Aperta chez Peter Moss AutoclubSport. Le choix n’est pas anodin, premièrement c’est une Ferrari, mais c’est également à n’en pas douter l’avant-dernière Ferrari à moteur atmosphérique – viendra ensuite la F12 GTO – et quel moteur ! Il délivre la bagatelle de 605 ch à son régime maximal stratosphérique de 9 000 tr/min, et avec sa cylindrée de 4,5 l on arrive à un ratio de 135 ch au litre, ce qui lui a valu le titre de Engine of the year en 2014.

Plutôt que de me gargariser de chiffres encore et encore, je me dépêche de prendre le volant. Je m’installe dans les superbes sièges baquets noir et bleu, je tourne la clef rouge (ça commence à faire beaucoup de couleurs !) et j’appuie sur le bouton « Start », rouge lui aussi. Dès le réveil, les 8 cylindres en V me font comprendre qu’ils ne sont pas là pour plaisanter, le son est rauque, puissant et, même à l’arrêt, j’ai l’impression que la cavalerie me pousse. Je la fais encore attendre un peu, 14 secondes exactement, soit le temps de rentrer le toit escamotable pour profiter pleinement de cette édition limitée à seulement 499 exemplaires.

Je laisse le manetino en mode « sport », je tire la palette de droite et c’est parti, direction la campagne, à l’écart de Paris. Je passe rapidement sur la partie urbaine, dénuée d’intérêt avec ce genre de voiture et ne servant qu’à mettre en avant le côté voyant de la machine. Certains sont admiratifs, beaucoup me prennent en photo (non, je ne suis pas footballeur), d’autres se montrent négatifs, mais ils sont finalement peu nombreux, il reste une petite flamme de passion automobile en France !

Une fois loin de toute trace de civilisation, je me permets enfin ce dont j’avais envie depuis le début, je pousse à fond la pédale de droite et je rentre dans un monde euphorisant. La boîte de vitesse double embrayage à 7 rapports, jusqu’ici délicate et quasi indétectable lors des changements de rapport, tombe 4 vitesses à la volée et catapulte les 1 445 kg (en ordre de marche) avec une vélocité rarement atteinte. L’aiguille du compte-tours monte à toute vitesse à l’assaut de la zone rouge pendant que les 8 cylindres hurlent leur joie de vivre de cette façon. C’était cool, mais pas suffisant, j’en veux plus et de toute façon la voiture réclame plus, je passe donc en mode « race » et je recommence l’exercice. Les vitesses passent plus vite, mais les changements se font plus tard, attendant d’atteindre les 9 000 tr/min… 9 000 tr/min ! C’est tout simplement jouissif de monter à un tel régime, d’avoir un moteur avec autant d’élasticité, qui reprend en bas du compte-tours sur le couple (540Nm max à 6 000 tr/min) pour faire ensuite parler la puissance jusqu’en haut, nous permettant d'apprécier toutes sortes de sensations et de variations de bruit, du feutré à l’aigu en passant par le rauque.

Car la sonorité dans une voiture de sport joue un rôle prédominant et Ferrari, l’ayant compris depuis longtemps, nous gâte depuis tout aussi longtemps. La Ferrari 458 Speciale Aperta joue hors catégorie, faisant passer la Ferrari 458 de « base » pour taciturne. L’Aperta nous offre une symphonie en « 8 Cylindres majeur » de toute beauté, une sonorité dantesque, tonitruante, phénoménale. Un moteur atmo comme nous n’en verrons ni n’entendrons de sitôt. Ce n’est pas une Toccata, mais un tacatac, un véritable hymne à la joie dont notre mouvement préféré sera le Presto.

Mais la 458 Speciale Aperta ce n’est pas qu’un moteur, pensez-donc, pour encaisser une telle puissance sans problème et atteindre les 100 km/h depuis l’arrêt en seulement 3 secondes, le reste doit suivre. C’est donc un moteur bien accompagné d’un très bon châssis et de commandes calibrées pour le plaisir. La consistance du volant, a fortiori en mode « race » est lourde ce qu’il faut et me donne l’impression de faire corps avec la machine. La tenue de route est excellente, pour preuve une accélération latérale de 1.33 G et une vitesse de pointe de 320 km/h ne mettant pas en défaut l’équilibre. Pour autant, la 458 SA est joueuse, les changements de rapports opérés aux palettes révèlent des passages de vitesses à la fois très rapides, mais également démonstratifs. Fini la boîte à double embrayage qui lisse tout, les sensations et le plaisir avec. Non, ici je prends du plaisir à rétrograder pour relancer et sentir le retour du coup de « pied au cul ». De plus, le cheval cabré a son caractère et ne se laisse pas apprivoiser si facilement et si j’y vais trop fort sur la pédale de droite, il me le fait savoir par une belle ruade, balançant son arrière et m’intimant de le rattraper si je veux poursuivre un bout de chemin avec lui.

C’est pour ça qu’on aime une Ferrari, pour ce grain de folie furieuse qu’elle apporte et qu’elle nous offre sans retenue, sans filtre. J’aime profondément les Porsche, et même si la Ferrari 458 « de base » ne m’a pas spécialement envoûté, cette version Speciale m’a transporté, elle vit, elle vibre et nous invite à vivre avec elle cette folie, plus que n’importe quelle autre Ferrari actuelle, excepté sans doute la LaFerrari.